Si la part de marché des véhicules électriques s’est fixée à 13,6% en 2024, marquant là un léger ralentissement par rapport aux tendances des années précédentes, certains observateurs veulent y voir un signal d’alerte. Pour y répondre, et malgré la baisse du bonus écologique et la fin de la prime à la conversion, le gouvernement vient de dévoiler un plan stratégique baptisé «La recharge facile pour tous».
Un enjeu de souveraineté industrielle
Pour accompagner la transition vers la mobilité électrique, et face à la nécessaire réduction du déficit public, le gouvernement a fait le choix de concentrer ses efforts sur des mesures plus ciblées et concrètes. Bonus écologique et leasing social ont désormais davantage orientées vers les ménages modestes et les foyers à revenus intermédiaires, afin de rendre les véhicules électriques plus accessibles. De même, un soutien renforcé est accordé aux flottes professionnelles afin d’accélérer leur obligatoire électrification tandis que l’Etat incite au développement d’un marché de l’occasion structuré, notamment par des incitations à l’achat de véhicules reconditionnés. Mais ce n’est pas tout.
En effet, le Ministre de l’Économie Eric Lombard et celui de l’Industrie Marc Ferracci ont récemment dévoilé un plan stratégique sur la question des recharges électriques, l’un des principaux freins à l’achat. Un plan qui se résume en trois annonces essentielles:
- Une accélération des délais d’installation des bornes de recharge dans les copropriétés.
- Une centralisation des informations sur les prix en bornes de recharge via une plateforme publique officielle informant les consommateurs en temps réel.
- Le lancement d’ici la fin de l’année d’une concertation sur la transparence de l’information délivrée aux usagers aux bornes sur les prix de la recharge. Selon Marc Ferracci, tenir ce cap présente un «enjeu de souveraineté industrielle».
Bon à savoir: Après avoir accusé un large retard, la France se place aujourd’hui au troisième rang des pays européens après l’Allemagne et les Pays-bas, avec quelque 2,5 millions de points de recharge électrique sur le territoire.
Des mesures contre-productives?
Pour autant, les ambitions affichées par le gouvernement (qui s’alignent en tout point à la réglementation européenne AFIR mise en œuvre depuis avril 2024) peinent à convaincre certains. À commencer par Marie-Amandine Stévenin, Présidente d’UFC Que choisir, qui -dans une tribune publiée sur le site de l’association explique:
«Depuis 2023, l’UFC-Que Choisir dénonce les dysfonctionnements des bornes publiques: pas d’affichage des prix, pas de paiement par carte bancaire, prix très variables qui explosent parfois à des niveaux dix fois supérieurs au tarif réglementé… En 2024, l’Autorité de la concurrence a confirmé nos alertes: les usagers sont mal informés, et la jungle tarifaire nuit à la concurrence. Face à cela, on attendait des mesures fortes. Mais le plan gouvernemental ne propose que trois bien maigres nouveautés. Et encore… Je le redis avec force les bornes de recharge publiques sont un maillon essentiel de la transition écologique. Le laisser-faire actuel pénalise les usagers, freine le développement de l’électromobilité, (…) et alimente un mécontentement légitime. Les usagers attendent mieux que des demi-mesures…»