Le récent baromètre Electra-OpinionWay vient prouver l’ouverture progressive aux voitures électriques. Tout comme le spectaculaire succès du leasing social auquel l’Etat a mis fin bien avant la date prévue tant les commandes ont dépassé les espérances. Même si certains demeurent, les freins à l’achat -qui circulent depuis longtemps sur l’électrique- perdent de la voix . Et c’est tant mieux!
Longtemps jugés rédhibitoires au développement de la mobilité électrique, les différents freins bien connus ne se sont pas seulement atténués, ils sont en train de s’effacer, pulvérisés par des réalités concrètes que rien ni personne ne peut désormais venir contester. Bien sûr, les fameuses fake news circulant sur les réseaux sociaux sont, elles, toujours bien présentes. Mais les arguments pour les contrer sont nombreux.
Une autonomie bien trop limitée?
Le sujet est apparu en même temps que la mobilité électrique. À juste titre, d’abord. Mais, depuis, les technologies se sont beaucoup développées, et les choses ont radicalement changé. Pourtant, chez certains l’idée perdure: les véhicules électriques ne pourraient s’utiliser qu’en ville et sur de courtes distances.
Bien sûr que non! Au-delà du segment premium au sein duquel certains modèles peuvent désormais prétendre aux 600 kilomètres d’autonomie (comme la Mercedes EQS, ou la nouvelle Tesla Model 3), l’immense majorité dépasse aujourd’hui les 300 kilomètres, de nombreuses voitures promettant même une autonomie située autour des 500 kilomètres. Largement suffisant quand on sait que la plupart d’entre nous parcourons moins de 100 kilomètres par jour en moyenne!
Des bornes de recharge trop peu nombreuses?
S’il est indéniable que la France a longtemps accusé un lourd retard par rapport aux objectifs, elle est aujourd’hui le pays d’Europe le plus avancé en termes d’infrastructures. Au printemps dernier, on comptabilisait 130 000 points de recharge ouverts au public. Sans compter, bien sûr, ceux installés dans les entreprises. Et les projets sont très nombreux, promettant un large développement à court et moyen terme. Quoi qu’il en soit, tandis que nos villes (jusqu’aux plus petites) s’équipent rapidement, toutes les aires de service de nos autoroutes sont désormais pourvues de bornes que des sites (comme Chargemap, par exemple) permettent de localiser facilement.
Un coût prohibitif?
En partie vrai aux premiers temps, face à la question du prix d’achat élevé des véhicules électriques on mettait systématiquement en avant les frais d’entretien bien moindres que ceux occasionnés sur les voitures thermiques. Et une recharge en électricité extrêmement moins coûteuse qu’un plein de carburant. Des arguments toujours valables, et même plus que jamais! D’autant que la démocratisation des LLD et LAO proposés par les constructeurs est venue amoindrir notre investissement à l’achat. Les offres à moins de 100 € par mois se multiplient qui suivent le modèle du fameux leasing social. De plus, les années passent et le marché gagne en maturité.
Alors, la concurrence s’installe et les prix inévitablement baissent. Selon les experts, ils devraient même s’aligner sur ceux des thermiques à l’horizon 2027-2028. D’ailleurs, de nombreux modèles arrivent sur le marché (ou y sont déjà installés) en affichant des prix jamais connus. Les Dacia Spring et autres MG4 en sont la preuve. La Renault Twingo aussi dont le prix démarre aux alentours des 20 000 €.
Plus polluante qu’on ne le prétend ?
Si les freins exposés jusqu’ici s’atténuent d’année en année, celui lié à la pollution est bien plus persistant: quoiqu’en disent les professionnels, la mobilité électrique serait finalement aussi polluante que la thermique. A cause de leurs batteries tout particulièrement, et des métaux rares qu’elles épuiseraient. Vrai et faux à la fois! Si les premières batteries étaient effectivement chargées en cobalt et en nickel, ce n’est plus le cas aujourd’hui.
Spécialiste des problématiques industrielles et géopolitiques liées aux marchés des métaux, Didier Julienne le confirmait dès 2022 dans le quotidien La Tribune. «Aujourd’hui la batterie LFP est chargée de matières abondantes.» Et l’on ne parle pas des recherches actuelles qui laissent envisager l’arrivée prochaine de nouvelles batteries plus performantes, moins coûteuses et surtout plus vertes. Sans oublier leur recyclage, au centre de toutes les recherches et de toute l’attention de l’UE qui travaille aujourd’hui à une réglementation stricte et ambitieuse. Car, au final, c’est surtout là que le sujet de la pollution se pose encore. C’est pourquoi la question des batteries électriques mobilise aujourd’hui un nombre colossal d’acteurs.
Le réseau électrique français serait insuffisant
Renforcées par la récente crise énergétique et les menaces de coupure (qu’on a finalement jamais connu, bien heureusement!), les voix se sont élevées pour prévenir: lorsque les voitures électriques seront plus nombreuses, des coupures de courant géantes au moment des pics de consommation seront inévitables puisque nos recharges viendront s’ajouter aux besoins des ménages. Une fake news totale. Tous les rapports du réseau national RTI le disent: en 2035, la recharge pèsera moins de 5% de notre consommation totale d’électricité. Alors, non seulement la saturation du réseau à cause des V.E. est absolument exclue, mais elle devrait au contraire aider à le détendre puisque nos voitures stockeront bientôt leur énergie pour la redistribuer au réseau électrique en fonction de ses besoins.
La voiture électrique serait déjà « finie »
Enfin, dernière fake news en cours, après plusieurs années d’une forte expansion, le marché français des voitures électriques stagne. Il a même légèrement reculé en mai et juin 2024. Ce qui prouverait (et prédirait) le début de la fin de ces modèles d’avenir. C’est vite oublier les effets mathématiques du triomphe du leasing social en début d’année. C’est oublier aussi la crise que traverse depuis 2020 le marché de l’automobile au niveau mondial. Et c’est oublier, évidemment, la forte inflation et la crise du pouvoir d’achat qui viennent ralentir la consommation dans son ensemble.