Face à la baisse des aides nationales, l’idée d’un bonus écologique européen semble refaire surface. Un projet ambitieux qui pourrait redonner de l’élan à la transition énergétique, mais qui n’est pas sans présenter quelques (petits) obstacles…
Le marché automobile marque le pas en Europe, et -même si-, globalement, les véhicules électriques maintiennent leur croissance, leurs ventes ralentissent, bien souvent freinées par la baisse des aides gouvernementales. Face à cette situation, l’idée d’un bonus écologique européen fait son chemin. Soutenu notamment par l’ex-chancelier allemand Olaf Scholz, ce projet pourrait en effet redonner un coup d’accélérateur au secteur. Mais sa mise en place n’est pas sans quelques embûches…
Des aides nationales fortement rabotées
Rappelons que, depuis fin 2023, l’Allemagne a supprimé son bonus écologique, et que -depuis décembre dernier- la France a revu le sien à la baisse. Désormais, cette aide d’Etat est conditionnée au revenu fiscal de référence: 4 000 € pour les foyers déclarant moins de 16 300 € par an, 3 000 € pour ceux entre 16 301 et 26 200 €, et seulement 2 000 € au-delà. À cela, vient s’ajouter la fin de la prime à la casse, et celle de la gratuité de la carte grise pour les V.E. comme pour les véhicules fonctionnant à l’hydrogène.
Conséquences : les incitations à passer à l’électrique s’amenuisent fortement. Or, ces aides demeurent incontestablement un fort levier pour le développement du secteur. C’est dans ce contexte que l’idée d’un bonus européen revêt tout son intérêt: un dispositif qui viendrait compléter ou remplacer les aides nationales, afin de relancer la demande dans l’ensemble de l’Union Européenne.
Un bonus européen, mais pour qui?
Toutefois, convaincre les 27 de cofinancer une telle mesure s’annonce ardu. Pour une raison simple, au moins: les principaux bénéficiaires seraient avant tout les pays qui disposent d’une industrie automobile solide, comme la France, l’Allemagne et l’Italie. De plus, au-delà de son seul financement, ce bonus écologique européen soulève également d’autres questions qu’on dira «stratégiques». À commencer par les trois principales: quels critères doivent être définis pour que les consommateurs européens puissent en bénéficier? Faudra-t-il réserver le bonus aux ménages les plus modestes, comme c’est actuellement le cas en France ou l’ouvrir à tous (sans aucunes conditions de ressources) pour stimuler plus massivement le marché et espérer une reprise significative? Enfin, pour quels montants?
Une aide bienvenue, voire nécessaire
On le sait, plusieurs pays de l’UE ont jusqu’ici conditionné leurs aides en intégrant des critères environnementaux et en favorisant la production européenne. En parallèle, l’UE a mené une offensive contre les constructeurs chinois, avec l’instauration de taxes douanières supplémentaires. Il est donc fort probable que ce futur bonus européen (s’il est adopté) suive cette même logique. Une certitude, en tout cas: dans un contexte où le pouvoir d’achat demeure une problématique centrale, et alors que les coûts des voitures électriques restent élevés malgré une baisse régulière des tarifs et un rapprochement avec ceux de leurs équivalents thermiques, toute aide supplémentaire serait évidemment la bienvenue afin de rendre ces véhicules plus accessibles. La bienvenue, et même très nécessaire…