Directeur Marketing & Communication pour XPENG France, Thomas Rodier nous présente le positionnement du constructeur qui fêtera bientôt sa première année en France. Il nous dévoile aussi quelques projets du géant chinois.
En mai prochain, XPENG soufflera sa première bougie sur le marché français. Quel premier bilan tirez-vous ?
Thomas Rodier: Nous sommes très satisfaits de cette première année. Effectivement, nous avons lancé XPENG en mai 2024, avant d’assurer les premières livraisons en septembre. Nous prenons notre vitesse de croisière avec environ 300 véhicules vendus par mois, ce qui va rapidement nous amener à dépasser notre objectif initial qui pouvait paraître un brin optimiste au départ, à savoir 3 600 ventes.
Comment nous présenteriez-vous la marque?
Thomas Rodier: Ce qui nous singularise, c’est que nous sommes une marque premium, et que nous sommes la seule marque chinoise de ce segment sur le marché. Nous nous positionnons ainsi évidemment par la qualité des matériaux utilisés, mais aussi par la technologie proposée. Nous faisons partie de ce qui se fait de mieux et de plus performant sur le marché des V.E. Nos véhicules se singularisent notamment par leur capacité à recharger rapidement, à être efficients et à surtout à être des «Software Defined Vehicle».
C’est-à-dire?
Thomas Rodier: Aujourd’hui, une voiture doit être évolutive et recevoir des mises à jour. On a vu arriver cette approche avec Tesla qui a amené quelque chose de nouveau pour le consommateur. Et, vu notre démarrage plutôt fulgurant, on ne peut que constater que ce consommateur y est effectivement très sensible.
A ce jour vous proposez deux modèles, G6 et G9…
Thomas Rodier: Oui. Disons que le G6 est très similaire à une Tesla Model Y, tant dans sa longueur que dans son gabarit. Quant au G9, c’est un peu un OVNI. Il n’a pas vraiment d’équivalent sur le marché, et c’est ce qui fait justement son succès. Il nous permet d’aller chercher des clients qui pourraient payer jusqu’à 50% plus cher pour quelque chose de moins efficient et bien moins rapide en charge. Car notre grande force, c’est aussi la recharge : moins de 20 minutes. Il n’existe pas d’autres voitures sur le marché qui, à 43 000 euros, rechargent si rapidement.
Je tiens aussi à préciser que nous ne sommes pas arrivés en cassant les tarifs. En revanche, nous proposons des modèles avec très peu d’options en complément. Par exemple, sur le G6, nous en avons un seul: le crochet d’attelage. A part cela, toutes les aides à la conduite sont comprises. Vous n’avez rien à payer pour débloquer telle ou telle option. Le consommateur ne peut donc pas ressentir la frustration de ne pas avoir pu s’offrir ce qui se fait de mieux dans la gamme. Il l’a d’office!
L’arrivée des nouvelles taxes européennes vous ont-elle fait réfléchir avant de vous installer en France?
Thomas Rodier: Bien entendu, c’est quelque chose que nous avions déjà bien en tête avant de lancer la marque ici. Disons que cela nous a amené à prendre des décisions un peu plus rapidement que prévu. Mais cela ne nous a pas freiné, non. Pas davantage que nous avons eu besoin de nous adapter. Par exemple, nous n’avons pas augmenté nos prix. On ne pouvait pas se permettre de nous lancer en augmentant d’office nos propositions tarifaires.
Les déboires actuels de Tesla vous profitent-ils?
Thomas Rodier: Pour être transparent, nous avons toujours estimé que les gens qui s’intéresseraient le plus à nous seraient les propriétaires de Tesla. D’ailleurs, on l’a déjà observé sur les marchés scandinaves. Évidemment, la situation actuelle accélère encore le phénomène, je ne peux pas dire le contraire. Mais nous sommes solidaires: on ne peut pas se réjouir lorsqu’un concurrent rencontre ce genre de problème!
Vous avez fait le choix d’ouvrir progressivement les concessions. A combien en êtes vous aujourd’hui?
Thomas Rodier: Nous sommes en train d’ouvrir la 38ème, et d’autres sont déjà signées. L’objectif, est d’atteindre les 70 d’ici la fin 2025 avec un maillage suffisamment significatif pour que vous puissiez avoir une enseigne XPENG à moins d’une heure de chez vous. Nous avons également signés des partenariats avec des distributeurs, ce qui nous permet d’être présents partout en France,
Le développement de voitures aux prix abordables (20 à 25 000 €) semble aujourd’hui crucial. Comptez-vous occuper également ce segment ?
Thomas Rodier: Nous allons compléter la gamme au fur et à mesure, l’idée étant de pouvoir être capable de lancer un nouveau modèle par an à minima. Et surtout de toujours coller aux besoins du marché. Nous réfléchissons tout particulièrement au segment C qui nous permettrait d’avoir un véhicule un peu plus court que notre G6 ce qui correspondrait bien au cœur du marché européen.
D’autres projets?
Thomas Rodier: Nous étudions le lancement du P7+, la grande berline qu’on a présentée au dernier Mondial de l’automobile. Pour être franc, nous n’avons pas encore bouclé le dossier car le marché de la berline reste compliqué. Certes, nous avons des demandes, mais seront-elles suffisantes pour justifier d’introduire ce modèle? Quoiqu’il en soit, d’’autres véhicules viendront compléter notre gamme l’année prochaine.
Et qu’en est-il de cette voiture volante équipée d’un drone que vous venez d’annoncer pour 2026? Sera-t-elle commercialisée en France?
Thomas Rodier: On peut la vendre partout, évidemment. En tout cas là où la législation lui permettra d’être utilisée! Toujours est-il que c’est déjà une réalité sur le marché chinois. Pour preuve, nous avons construit une usine tout spécialement, et nous avons déjà plusieurs milliers de commandes. Ce Land Aircraft Carrier se destinera aux particuliers, mais aussi à des usages spécifiques. Par exemple, si vous avez besoin d’un véhicule d’intervention hyper maniable et facilement déployable, il saura répondre à ces besoins plus facilement qu’un hélicoptère. Pour vous le décrire, c’est une sorte de porte-avion sur roues qui embarque un petit drone. Concrètement, c’est un véhicule routier qui sert aussi de base pour le véhicule volant. Un deux-en-un! Notre nouvelle usine devrait pouvoir en produire une dizaine de milliers.
Justement, avez-vous des projets d’usine en Europe?
Thomas Rodier: Au regard des nouvelles taxes européennes, c’est à l’étude, oui…
Quelques mots pour conclure?
Thomas Rodier: Comme je le disais tout à l’heure, et même si sa commercialisation en France n’a pas encore été décidée, nous travaillons sur P7+. Elle sera la première voiture au monde avec un tel niveau d’IA. Cette IA améliore les performances mais aussi la sécurité. A l’avenir, tous nos futurs modèles seront amenés à la recevoir.