Avec le Mondial de l’auto de Paris et les salons de Francfort et de Munich, le salon de Genève constituait l’un des rendez-vous phare de l’agenda automobile européen. Est-ce l’époque qui a changé? Toujours est-il que la manifestation a définitivement fermé ses portes à l’aube de ses 120 ans. Avant de renaître (plus ou moins) en 2025… à l’autre bout du monde!
Né en 1905 (il y a donc presque 120 ans), ce prestigieux salon comptait jusqu’ici comme l’un des grands rendez-vous automobiles internationaux. Un salon prestigieux et haut de gamme où les constructeurs se bousculaient pour y présenter leurs nouveaux modèles ainsi que leurs concept cars et autres supercars pour lesquels la manifestation genevoise constituait une formidable vitrine. Le public aussi s’y donnait massivement rendez-vous. Pour preuve, en 2005 le Salon a battu son record en enregistrant près de 750 000 entrées. En 2019, juste avant la crise sanitaire et les conséquences induites aux quatre coins du monde, elle enregistrait encore quelques 600 000 visiteurs et recevait 184 exposants.
Puis le Covid est arrivé, les crises se sont succédées. Le public attendait particulièrement le Salon de Genève cette année, après l’annulation de quatre de ses éditions. Très surveillé, l’évènement s’est ouvert à la fin février 2024. Et ce fut la consternation du côté de ses organisateurs…
Un cuisant échec
Car l’édition 2024 du Salon automobile de Genève fut particulièrement décevante, tant par le nombre de constructeurs présents qu’en terme de fréquentation. Seulement 37 acteurs du secteur ont répondu au rendez-vous. Et aucun Européen, à l’exception de Renault. Aucun Japonais non plus, hormis Isuzu. Quant au public, il a purement et simplement boudé la manifestation: un peu moins de 168 000 personnes l’ont visité, loin des 750 000 d’il y a dix-neuf ans. Pour les organisateurs, l’échec a alors sonné comme une évidence: alors qu’ils espéraient une édition qui aurait dû «permettre de repositionner et de pérenniser» l’événement, c’est un véritable «four» qu’ils ont dû affronter. Une fois les portes du salon refermées, le conseil d’administration de la Fondation du Salon international de l’automobile de Genève a alors publié un communiqué qui a fait grand bruit.
Les grands salons européens auraient-ils perdu de leur attrait?
Constatant que «les conditions du marché en Europe ne sont pas réunies pour la réussite des prochaines éditions», soulignant également les incertitudes «trop nombreuses liées à l’industrie automobile» et «la perte d’attrait des grands salons européens», le conseil d’administration demandait alors formellement à l’autorité de surveillance des fondations suisses l’autorisation d’opérer sa dissolution.
Alexandre de Senarclens (Président du Comité permanent de l’événement et signataire de ce communiqué) allait encore plus loin: «Cette décision extrêmement regrettable ne doit pas nuire aux efforts et à la détermination avec lesquels nous avons tenté de retrouver notre succès. Mais force est de constater que le manque d’intérêt des constructeurs pour le Salon de Genève dans un contexte industriel difficile, la concurrence des salons de Paris et de Munich favorisés par leur industrie nationale et les niveaux d’investissement nécessaires pour maintenir un tel salon, sonnent le coup de grâce pour une édition future.». Fin de l’histoire.
Un peu de Genève au Moyen-Orient
Pas tout à fait, en vérité. Car c’est au Quatar que se déroulera le prochain Salon International de l’automobile de Genève. En quelque sorte, du moins. En 2023, les organisateurs du Salon de Genève avaient décidé d’organiser une manifestation équivalente au Quatar sous le nom de Salon international de l’automobile de Genève Qatar. Une sorte de duplication de l’évènement suisse. Non sans succès puisque la manifestation qatari reçut quelques 180 000 visiteurs pendant dix jours (soit un peu plus que la dernière édition à Genève). «Il est satisfaisant de constater que les salons automobiles continuent de séduire les marques dans différentes parties du monde, et que le Salon international de l’automobile de Genève a renforcé son attrait au Moyen-Orient», avait conclu le comité d’organisation. Face à cet accueil, une deuxième édition sera donc organisée en novembre 2025. Sans pour autant que sa pérennisation soit aujourd’hui assurée.