Si, pour la plupart d’entre nous, la recharge dynamique par induction relève encore de la pure science-fiction, elle pourrait à terme bouleverser les usages de la mobilité électrique. En sommes-nous encore loin? Et quels sont les obstacles qui pourraient venir freiner l’émergence de cette technologie si prometteuse et séduisante?
Si -sur le papier- le principe semble simple, la technologie s’avère complexe: pour pouvoir recharger sa voiture électrique tout en roulant, des bobines électriques devront être préalablement intégrées sous le bitume, générant alors un champ électromagnétique capable de transférer de l’énergie sans contact à des récepteurs embarqués dans les véhicules. En clair, la voiture pourra recevoir de l’électricité sans le moindre câble alors qu’elle sera en route vers sa destination. Une solution magique? Presque… En tout cas, si celle-ci voyait le jour, les questions de l’autonomie et du temps de recharge seraient définitivement évacuées, celle de la taille et du poids des batteries avec elles. De quoi révolutionner la mobilité électrique en supprimant au passage les principaux freins à son adoption!
Des expérimentations sont en cours
De la pure science-fiction? Pas tant que ça. Car, en Europe, plusieurs projets sont en cours qui vérifient la faisabilité du projet. En France notamment, Vinci Autoroutes a lancé un test sur une portion de l’A10 entre Paris et Orléans, en partenariat avec la start up Electreon. Du côté de l’Italie, le circuit Arena del Futuro (près de Milan) sert, quant à lui, de terrain d’essai pour les bus et les poids lourds. Alors, c’est pour quand?… Nul ne le sait, en vérité. Car de nombreux défis restent à relever avant de pouvoir envisager une généralisation.
D’immenses obstacles à contourner
Le premier n’est pas le moindre: l’installation des bobines dans la chaussée nécessitera des travaux lourds, forcément longs et particulièrement coûteux puisqu’il s’agira d’adapter l’ensemble des infrastructures existantes. Après quoi il s’agira également de pouvoir assurer une maintenance rigoureuse car ces systèmes doivent absolument résister aux intempéries, au trafic etc… Concernant les véhicules, l’adoption d’un tel mode de recharge sans câble impliquera au préalable la nécessaire standardisation des récepteurs qui devront être universels. Ce qui suppose une coordination internationale et l’arrivée de nouvelles normes. Bref, le temps s’annonce encore long, le coût élevé, et la rentabilité incertaine à ce jour puisque dépendant d’un grand nombre de facteurs. De là à devoir oublier la solution, certainement pas.
Vers une solution complémentaire plutôt qu’universelle
Car, quoiqu’il advienne de cette innovation prometteuse, et si la recharge dynamique ne remplacera évidemment pas les bornes de recharge telles qu’on les connait aujourd’hui, elle pourrait venir comme une solution complémentaire, à privilégier sans doute sur les grands axes routiers. Et sur les zones logistiques. En effet, si cette recharge dynamique par induction s’avère si intéressante, c’est aussi parce qu’elle pourrait participer de la nécessaire réduction de l’empreinte carbone des transports routiers lourds, là où les besoins de recharge se font souvent plus forts que pour pour les véhicules particuliers. Mais peu importe les usages auxquels on les destinera, encore faut-il que ces nouvelles infrastructures ne creusent pas les inégalités territoriales et restent accessibles à tous, partout. Voilà bien là le troisième grand, très grand défi.