Depuis le 7 juillet, une réglementation de la Commission Européenne exige que toutes les voitures neuves (électriques, hybrides ou thermiques) soient pourvues de plusieurs équipements d’aide à la conduite. Une mesure aux nombreuses conséquences, et qui crée déjà la polémique; On vous explique.
Mise en place par la Commission européenne depuis le 7 juillet dernier, la Global Safety Regulation 2 (GSR2) l’impose: les voitures neuves doivent désormais disposer de plusieurs équipements d’aide à la conduite. Une obligation légitimée par le souhait des Européens de renforcer la sécurité sur les routes, mais aussi -selon de nombreux experts- d’ouvrir la voie à une conduite connectée et automatisée. Concrètement, les systèmes suivants doivent être obligatoirement montés sur les modèles neufs (et de série):
- Une alerte et une correction du franchissement de voie
- Un freinage automatique en cas d’obstacle
- Une alerte de vitesse excessive (ISA)
- Une alerte à la somnolence
- Un système de surveillance de la pression des pneus
- Un signal de coups de freins brusques
- Un enregistreur de données d’accidents
Par ailleurs, de nouveaux crash test seront aussi mis en place lors des procédures d’homologation. Des crash tests renforcés, plus nombreux et surtout plus exigeants (avec test frontal et collision arrière, notamment).
Des prix revus forcément à la hausse
Les conséquences seront forcément nombreuses, tant pour les constructeurs que pour les usagers. En cette période de crise du pouvoir d’achat, les voitures électriques amorçaient jusqu’ici une légère baisse de leurs prix. Mais, face aux coûts engendrés par les nécessaires mises à jour, c’est vers la hausse qu’elles risquent bien de repartir. D’après l’Association européenne des équipementiers automobiles (CLEP), la GSR2 devrait impliquer un surcoût minimum d’environ 500 euros par véhicule, voire bien plus dans certains cas. Pour preuve, Dacia vient justement d’augmenter de 500 euros sa version entrée de gamme de sa Sandero.
Spécialistes et professionnels du secteur sont dubitatifs
Si l’intention des Européens est évidemment louable, la GSR2 suscite néanmoins de vives critiques. Ainsi, comme le précisait récemment l’Association des constructeurs européens d’automobiles (ACEA), puisque les voitures vont devoir se renforcer, leur poids aussi. Certes, «plus une voiture est lourde, plus elle préserve ses occupants en cas de choc, mais dans le cadre d’un choc entre deux voitures, ce paramètre physique s’exerce au détriment du véhicule le plus léger.» Et l’ACEA de rappeler que les si à la mode SUV «ont déjà un haut niveau de protection».
Devenus plus lourds, ils pourraient donc devenir plus «dangereux» pour les petites citadines. De plus, certaines voitures ne devraient même pas pouvoir franchir le cap du GSR2, comme l’affirme l’association de défense des consommateurs «Que choisir»: outre la fin déjà annoncée de la Renault Zoe et de la Twingo, d’autres pourraient connaître le même sort, comme la Suzuki Ignis «et bien d’autres».
L’alerte de vitesse excessive inquiète
Surtout, un équipement crée tout particulièrement la polémique: l’alerte de vitesse excessive (ISA) de série qui, selon les spécialistes, ne semble pas encore fiable. Mais alors pas du tout… L’ACEA déplore un système qui «déclenche trop de fausses alertes en raison d’une lecture incorrecte de la signalisation ou de la prise en compte d’informations périmées». Une critique confirmée par l’organisation indépendante European Transport Safety Council qui se consacre à la sécurité routière dans l’UE. Quant au journal belge «Le Moniteur Automobile », l’un de ses journalistes raconte son récent essai: «Et bien sûr, le régulateur intelligent a cru bon de piler sur autoroute à cause d’une limitation imaginaire aperçue sur une voie parallèle…» Heureusement, «Que choisir» nous rassure (au moins un peu): «Toutes ces assistances électroniques demeurent possibles à déconnecter pour l’instant, sachant que l’auto se réinitialise à chaque démarrage.» Ouf…