On le sait: des terres rares alimentent les moteurs à aimants permanents utilisés dans la plupart des véhicules électriques. Mais celles-ci sont chères, et souvent extraites dans des conditions éthiquement problématiques et particulièrement polluantes. Alors que la tension monte sur les chaînes d’approvisionnement, l’arrivée d’une alternative crédible pourrait bouleverser le marché. Et c’est justement ce qui est en train de se profiler grâce à la start-up britannique Advanced Electric Machines (AEM).
AEM : l’arme anti-terres rares
Fondée en 2017 par des chercheurs de l’université de Newcastle (Grande-Bretagne), Advanced Electric Machines s’est donnée pour mission d’éliminer les terres rares de la mobilité électrique. L’entreprise a récemment signé un contrat à sept chiffres avec un grand fournisseur automobile pour équiper d’ici la fin de la décennie des modèles de série de ses moteurs sans aimants. Son innovation repose sur une idée apparemment simple: remplacer les aimants faits de terres rares par des matériaux recyclables et abondants, comme l’acier et l’aluminium. Ces moteurs dits «non magnétiques» affichent, selon AEM, des performances équivalentes, voire supérieures, à celles des moteurs à aimants permanents actuellement utilisés. Plusieurs millions de kilomètres d’essais auraient déjà validé leur fiabilité et leur efficacité énergétique.
Une avancée stratégique majeure
L’enjeu dépasse de loin la seule innovation technique. Car, en se libérant des terres rares, AEM s’attaque à une dépendance géopolitique majeure. En effet, aujourd’hui, plus de 90% de ces matériaux sont extraits ou transformés en Chine, une situation qui fragilise l’ensemble de la filière électrique mondiale. En supprimant cette dépendance, les constructeurs automobiles européens et britanniques regagneraient donc une forme de souveraineté industrielle et réduiraient leur exposition aux fluctuations de prix ou aux tensions diplomatiques. Sur le plan environnemental? L’impact est tout aussi considérable. L’extraction des terres rares est souvent synonyme de pollution des sols et de consommation énergétique élevée. En misant sur des matériaux plus communs et plus propres, AEM promet une empreinte carbone très nettement réduite sur l’ensemble du cycle de vie du moteur. L’entreprise évoque également une fabrication plus locale et moins énergivore, cohérente avec les objectifs de neutralité climatique fixés par l’UE à horizon 2050. De quoi rebattre totalement les cartes du marché, donc!
Vers une nouvelle génération de véhicules électriques
Le pari d’AEM est donc très audacieux: rendre obsolètes les aimants à base de terres rares et repenser la performance à partir de matériaux durables. Si ce pari est gagné, les véhicules électriques de demain seront non seulement plus légers, plus fiables et moins coûteux, mais aussi plus vertueuxl. D’un côté, pour les constructeurs, c’est la promesse d’un moteur à la fois compétitif et éthique. De l’autre, pour les consommateurs, c’est la garantie d’une mobilité électrique parfaitement cohérente avec ses ambitions écologiques. Avec son moteur sans aimant AEM ne se contente donc pas d’innover, elle redéfinit ce que doit être la motorisation électrique du futur. Une technologie performante, responsable et souveraine.