Alors que, depuis le 5 juillet dernier, des droits de douanes supplémentaires sont imposées aux constructeurs chinois sur l’exportation de leurs modèles de véhicules électriques en Europe, Bruxelles et Pékin ont entrepris des négociations qui pourraient aboutir bientôt à un modus vivendi. Réponse le 30 octobre prochain.
On l’a dit dans un précédent article: pour tenter d’endiguer la percée des voitures chinoises et soutenir ainsi le secteur automobile européen actuellement en pleine crise, l’Union Européenne entend appliquer des droits de douanes supplémentaires (qui peuvent aller jusqu’à 38%) pour tous les véhicules venus de Chine. Des mesures appliquées depuis le 5 juillet dernier, mais qui s’avèrent provisoires, car c’est d’ici peu qu’il faudra passer au vote.
Pour autant, face à la colère noire des Chinois et à leurs lourdes menaces de représailles économiques (à savoir une surtaxation des importations de porc, de Cognac, de vins, des produits laitiers et des véhicules européens à forte cylindrée), Bruxelles a finalement appelé Pékin à trouver la voie de l’apaisement au travers de l’ouverture de négociations. Négociations actuellement toujours en cours, et desquelles une sérieuse piste semble aujourd’hui se dégager: celle d’un prix minimum pour l’acquisition d’un véhicule chinois en Europe.
Une solution «gagnant-gagnant»
Aux yeux de la Commission Européenne, l’instauration de ce prix minimum des voitures chinoises vendues en Europe serait la preuve d’une indulgence à l’égard des fabricants chinois, tout en permettant aux constructeurs occidentaux de pouvoir (enfin) mieux rivaliser avec les marques chinoises. Une solution confortée et validée par le Ministère du commerce chinois qui voit là une formule «gagnant-gagnant». De fait, concrètement les constructeurs européens n’auraient plus à s’inquiéter de l’afflux de voitures chinoises particulièrement compétitives sur le marché, quand les fabricants chinois seraient définitivement débarrassés de ces fameux droits de douanes.
En Chine, 65% des voitures électriques sont moins chères que les modèles thermiques
Des prix forcément à la hausse?
Reste encore à trouver un accord sur ces prix minimum. Et sur ce point les discussions s’annoncent particulièrement ardues. Surtout lorsqu’on sait qu’en Chine, 65% des voitures électriques sont moins chères que les modèles thermiques. Alors, pour ces modèles chinois, un seul intérêt à voir ces prix limités imposés par l’Europe: pouvoir bénéficier sur le Vieux continent d’une marge bien plus large que celle d’aujourd’hui afin d’assurer des bénéfices qu’ils pourront répercuter chez eux. Au détriment des consommateurs européens, donc.
Quoiqu’il en soit, que par les deux parties acceptent cette mesure ou non, la Commission Européenne a annoncé rendre sa décision définitive le 30 octobre prochain. Avant d’espérer la voir validée à l’unanimité des 27 pays membres de l’Union européenne. Rappelons que si au moins quinze pays (représentant 65% de la population de l’UE) s’y oppose, alors ce nouveau dispositif sera purement et simplement abandonné; et que, jusque là et depuis le 5 juillet, les fonds versés par les constructeurs chinois au titre des nouveaux droits de douane font face à un blocage sur un compte dédié dans l’attente de leur validation législative. Si ces droits passent aux oubliettes du simple fait de ce nouvel accord, alors constructeurs asiatiques concernés se les verront restituer.