Touché comme bien d’autres par la crise du marché automobile européen, le constructeur allemand vient d’annoncer la modification de sa stratégie tout électrique en même temps qu’il annonce l’arrivée d’un nouveau CLA. Une bonne occasion pour faire le point avec Julien Vely, Expert Produit et responsable des essais parc chez Mercedes Benz.
Vous venez d’annoncer un nouveau V.E., le CLA. Pouvez-vous nous le présenter?
Julien Vely: Le CLA arrivera sur le marché français à partir de cet été. Il s’agit du tout premier véhicule compact Mercedes-Benz issu de la nouvelle plateforme MMA (Mercedes Modular Architecture). Il préfigure le renouveau de la marque et de l’entrée de gamme de nos véhicules 100% électriques. Mais pas seulement car il sera également proposé dans un second temps (sans doute début 2026) en version hybride. Il proposera différentes chimies de batterie, notamment la 250+ qui permettra d’offrir jusqu’à 792 km d’autonomie en cycle mixte WLTP.
On pourra le recharger en 800 volts, et il intégrera un tas d’éléments high-tech. Comme l’OS Mercedes qui lui permettra de disposer d’une interface pouvant gérer à la fois la recharge, la consommation électrique, les systèmes d’infotainment et les systèmes d’assistance à la conduite. Bien sûr, il pourra être mis à jour régulièrement, ce qui permettra de disposer d’un véhicule toujours à la pointe des technologies, même après deux ou trois ans d’utilisation. J’ajouterais que cette plateforme MMA préfigure une gamme d’au moins 4 modèles, avec aussi une version Shooting Break et deux SUV compacts.
Vous avez également annoncé une refonte majeure de la Classe S pour 2026 ainsi que des Classe C et Classe E en version électrifiée…
Julien Vely: Pour l’instant, non, rien n’est vraiment officiel. Nous n’avons pas encore les détails de cette refonte. En revanche, ce qui a été annoncé de façon plus certaine, c’est l’arrivée à partir de la rentrée prochaine (peut-être à l’occasion du Salon de Munich) d’une version 100% électrique du GLC. Il reposera lui aussi sur une nouvelle plateforme, l’AMG EA, destinée aux futurs véhicules 100% électriques de la gamme sportive AMG. Nous aurons également la plateforme MB EA (Mercedes-Benz Electric Architecture), pour les véhicules de gamme supérieure.
Face à la crise qui secoue le marché européen, vous venez d’annoncer un changement de stratégie. Est-ce à dire que l’objectif d’une marque 100% électrique comme vous l’avez prévu n’est plus à l’ordre du jour?
Julien Vely: Changement de stratégie, oui et non. Mercedes garde bel et bien sa ligne de conduite en conservant l’objectif d’un parc de véhicules neufs neutres en carbone dans les échéances fixées par les gouvernements, et ceci malgré un environnement effectivement plus difficile aujourd’hui. Notre objectif d’une marque 100% électrique n’a pas changé. Pour autant -sur le marché français, européen et mondial- nous souhaitons montrer notre capacité industrielle à réagir et à être flexible afin de répondre aux besoins et aux demandes des clients.
C’est-à-dire?
Julien Vely: Il y a des marchés sur lesquels il faut peut-être réajuster le tir, mais sans faire machine arrière. Mercedes-Benz reste fidèle à sa stratégie, à ses valeurs. Comme je le disais, nos plateformes intégreront des véhicules 100% électriques car c’est l’avenir. Elles sont conçues pour. Toutefois, elles proposeront aussi des variantes thermiques et hybridées. Nous adaptons toujours la production de nos véhicules en fonction des besoins des différents marchés, que ce soit dans la conception, la carrosserie de la voiture, son mode de carburation ou sa transmission électrique.
Mercedes-Benz se distingue également par sa force d’innovation. Sur lesquelles misez-vous, tout particulièrement concernant les batteries?
Julien Vely: Mercedes investit énormément en R&D pour rester le plus possible pionnier en matière d’industrialisation comme en matière de produits proposés. Fin 2024, nous avons présenté une usine de recyclage de batteries à Copenhague. Elle permet de recycler 96% des batteries qui sont traitées au sein de l’usine, et elle peut produire jusqu’à 50 000 modules par an grâce au recyclage. Des campus ont également été ouverts à Stuttgart afin de pouvoir travailler sur de nouvelles chimies, notamment sur les batteries solides. Des premiers tests ont été effectués; c’est en cours de développement. Concrètement, nous avons réussi (avec une capacité de batterie équivalente à celle des chimies traditionnelles) à passer en une seule charge de 700 à 1 000 km d’autonomie sur un QS.
Pour conclure, qu’est-ce que la Digital Factory Campus que vous venez d’inaugurer à Berlin?
Julien Vely: Lors de cette inauguration, le 18 mars dernier, nous avons montré comment Mercedes accélérait la transformation de son réseau de production en utilisant l’intelligence artificielle, et en mettant en place des robots humanoïdes au sein des usines pour soulager la production des employés et tout ce qui concerne la pénibilité. Comme vous le savez, l’orientation de la marque est très transverse. Elle ne touche pas que l’électrification. La logique de production, de recyclage et d’économie circulaire aussi.