Dans le cadre du projet de loi de finances 2026, le gouvernement de Sébastien Lecornu a dévoilé les grandes lignes du futur barème du malus écologique applicable à partir de 2028. Destiné à renforcer la fiscalité environnementale sur les véhicules neufs, ce dispositif poursuit un double objectif: une incitation à adopter des modèles plus vertueux et accélérer la transition. Particulièrement sévères, ces nouvelles grilles marqueront une très nette accélération.
Le seuil de déclenchement abaissé à 98 g/km
La première mesure marquante concerne le seuil de déclenchement du malus CO2, désormais fixé à 98 g/km. En 2025, ce seuil était encore de 113 g/km, et il continuera de baisser progressivement de 5 g par an. Ce resserrement traduit la volonté de l’État de rapprocher la fiscalité automobile des objectifs climatiques européens. Concrètement, de plus en plus de modèles thermiques (y compris certains moteurs essence dits sobres), seront désormais soumis à la taxe. Les véhicules émettant à peine plus de 100 g/km seront concernés, alors qu’ils échappaient encore au malus il y a quelques années. Seuls les modèles hybrides rechargeables et électriques pourront donc y échapper.
Un malus maximal porté à 100 000 €
Le second volet du dispositif est sans doute le plus spectaculaire: le malus maximal atteindra 100 000 € en 2028. Il s’appliquera aux véhicules dont les émissions dépassent 188 g/km de CO2. À titre de comparaison, le plafond était fixé à 70 000 € en 2025 et à seulement 40 000 € en 2022. Cette hausse exponentielle vise à dissuader l’achat de véhicules fortement émetteurs (souvent des SUV premium ou des sportives). Pour ces modèles, le coût de la taxe pourra parfois dépasser le prix d’une citadine électrique neuve. Le gouvernement justifie cette sévérité par une logique de «pollueur-payeur»: plus un véhicule contribue aux émissions, plus il participe au financement de la transition écologique. Un argument évidemment contesté par les constructeurs, on redoute un effet dissuasif sur les ventes de certains modèles. Donc un impact sur l’emploi au sein du secteur.
Fin du plafonnement du cumul des malus
Autre évolution majeure : la suppression du plafond limitant actuellement le cumul du malus écologique et du malus au poids. Jusqu’ici, lorsqu’un véhicule était concerné par ces deux taxes, le montant total ne pouvait pas dépasser 70 000 €. À partir de 2028, cette limite disparaît: les deux malus pourront donc s’additionner librement. Les véhicules les plus lourds et les plus polluantsverront ainsi leur fiscalité s’envoler, avec des montants susceptibles de dépasser largement les 100 000 €.
Les véhicules électriques et hybrides partiellement épargnés
Les véhicules 100% électriques ne sont pas totalement épargnés. Car, en 2026, le malus au poids, entré en vigueur en 2022, continuera de s’appliquer à partir de 1 500 kg. Chaque kilogramme au-delà de ce seuil sera taxé 10 €,. Cependant, une exception: les véhicules électriques présentant un score environnemental à minima (c’est-à-dire fabriqués avec des matériaux recyclés ou disposant d’une empreinte carbone réduite), resteront exonérés de cette taxe. Les hybrides rechargeables, elles, pourraient bénéficier d’un allègement partiel du malus, sans pour autant y échapper complètement.
Un secteur automobile inquiet et divisé
On vient de le dire : du côté des professionnels, la réforme soulève de virulentes critiques. La Fédération Nationale de l’Automobile (FNA) estime que ce durcissement du malus «manque de lisibilité et de cohérence à long terme». Et demande un gel du barème actuel, le temps de repenser la formule de calcul du malus CO2. Et de plaider aussi pour la suppression du malus au poids, vue comme une «exception française pénalisante» pour les consommateurs et les importateurs. Les acteurs du marché redoutent également un effet inflationniste sur les prix des véhicules neufs, alors que le pouvoir d’achat est déjà mis à rude épreuve. Les importateurs pointent, ayant à eux, le risque de distorsion de concurrence vis-à-vis des autres marchés européens, là où le malus au poids n’existe pas.
Enfin, pour d’autres, cette transition aussi nécessaire soit-elle- risque d’accentuer les fractures. Pour eux, les Français vivant en zones rurales, plus dépendants de la voiture, pourraient être les plus pénalisés par cette hausse du coût des modèles thermiques. Sauf si, comme annoncé, le prix des électriques vient enfin s’aligner.