Au terme de longs mois de débats, et des semaines de négociations avec le gouvernement chinois, l’Europe imposera bel et bien une surtaxe pouvant aller jusqu’à 35% sur les véhicules fabriqués en Chine. Petit rappel des faits qui auront agité tout notre été 2024.
Tout commence le 5 juillet dernier. Face à un marché automobile européen en crise, et pour tenter de freiner la croissance exponentielle des constructeurs chinois en Europe, l’Union Européenne décide alors d’instaurer des droits de douanes supplémentaires sur l’ensemble des véhicules venus de Chine. Une taxe qui vient s’ajouter aux 10% déjà existants, et qui pourra grimper jusqu’à 37% selon les cas. De nouveaux droits de douanes dits «compensateurs» qui ne devaient officiellement être que «provisoires». Pour cinq ans seulement, affirmait prudemment Bruxelles qui souhaitait d’abord négocier avec Pékin. En cause notamment, les subventions chinoises jugées trop généreuses, et qui viennent créer «une concurrence déloyale».
Les négociations ont fait chou blanc
Tollé immédiat du côté des Chinois, qui ont aussitôt dénoncé des «pratiques protectionnistes injustes et déraisonnables», menaçant de mesures similaires sur les produits européens exportés chez eux. De fait, le Cognac, les vins, les produits laitiers ou encore les voitures à grosse cylindrée sont depuis lors dans le collimateur de l’Empire du Milieu. Il n’en fallait pas davantage pour que, début octobre, des négociations s’ouvrent entre le Commissaire européen au Commerce Valdis Dombrovskis et son alter ego Wang Wentao à la recherche d’une solution qui puisse être acceptable pour les deux parties. Celle de la fixation d’un prix de vente minimum à tous les modèles chinois arrivant sur le marché européen avait alors été évoquée, vue comme un modèle «gagnant-gagnant » pour chacun. Restait à trouver un accord sur ces prix… qui n’est jamais venu !
Une entrée en vigueur immédiate, mais… provisoire?
La Commission Européenne a donc fini par trancher : malgré l’hostilité de l’Allemagne, de la Hongrie, de la Slovaquie, de la Slovénie et de Malte qui avaient voté contre le projet, ces nouveaux droits compensateurs en vigueur depuis début juillet seront bel et bien pérennisés. Ils pourront finalement aller jusqu’à 35% de surtaxe selon les constructeurs (et surtout selon les négociations que chacun a accepté de mener avec l’UE ou non). Publiée ce mercredi 30 octobre au Journal officiel de l’UE la mesure devrait entrer en vigueur dès le 31 octobre. Mais, là encore, elle ne pourrait être que provisoire. Les deux parties ont en effet convenu de poursuivre les négociations qui -si elles arrivent à leur terme- annuleraient in extenso ces surtaxes.
Des véhicules (forcément) plus chers?
Une chose est sûre : si ces nouveaux droits de douane «compensateurs» visent à protéger et à soutenir les constructeurs européens, les consommateurs -eux- pourraient subir le «revers de la médaille». Et pour cause : jusqu’ici très compétitifs, les V.E. chinois devraient voir leurs prix d’achat augmenter sans que les modèles européens ne soient en mesure de baisser drastiquement les leurs. Reste à savoir si la forte augmentation du malus automobile prévue par la Loi de Finances 2025 bénéficiera aux V.E. européens malgré la probable baisse du bonus écologique …