En cette période de grands chassés-croisés estivaux, plus d’1,5 million d’automobilistes français se doivent désormais d’intégrer le temps de recharge dans leurs trajets. Terminés les simples arrêts carburant, place à une nouvelle temporalité imposée par la mobilité électrique. Mais qu’attendent-ils des infrastructures de recharge? Une étude européenne réalisée par la start up portugaise miio (spécialisée dans les solutions de recharge intelligentes) vient apporter de sérieux éléments de réponse.
Les Français sont plus pragmatiques que leurs voisins
Premier constat: parmi les cinq pays étudiés (France, Allemagne, Royaume-Uni, Espagne, Italie) les conducteurs français apparaissent comme les plus sensibles au coût de la recharge électrique. Pour eux, le prix reste un critère décisif, parfois au détriment du confort ou des services annexes proposés dans les stations. Ce pragmatisme se manifeste également dans l’importance accordée à la notoriété de l’opérateur: en effet, ils privilégient les marques connues (Fastned, Tesla ou TotalEnergies notamment), qu’ils perçoivent comme un gage de fiabilité et de simplicité.
Un usage du V.E. plus quotidien et intensif qu’ailleurs
Autre fait notable: le relatif rejet des outils numériques. Contrairement aux Allemands ou aux Britanniques, plus friands des programmes de fidélisation ou plus enclins à suivre leur consommation via des applications, nos concitoyens préfèrent privilégier une expérience pratique, rapide, souvent dans des lieux du quotidien comme les parkings des centres commerciaux. Des préférences qui s’expliquent notamment par un usage plus intensif de leurs voitures électriques. Pour preuve, une autre étude (réalisée il y a peu par Deloitte) souligne que les Français sont parmi les plus nombreux à utiliser leur V.E. comme voiture principale. Bien plus que les Espagnols ou les Italiens, pour qui elle reste souvent un second véhicule à l’usage essentiellement réservé à la ville. Résultat: la recharge devient chez nous un simple geste du quotidien, qui se doit donc d’être facile, accessible et rapide.
Des priorités européennes différentes mais convergentes
Selon une étude Fleet News réalisée il y a tout juste deux ans, 65% des Européens attendent une borne bien située quand 55% souhaitent la présence de services annexes (toilettes, café, boutiques). À l’époque, 48% déploraient aussi le manque de bornes disponibles, et 45% demandaient plus de clarté sur les tarifs. De plus, 25% disaient abandonner une recharge si elle ne démarrait pas en moins de cinq minutes. Des critères largement partagés, mais hiérarchisés différemment selon les pays. Pour preuve, quand un Allemand investit dans un système connecté pour sa borne personnelle, le Français, lui, cherchera d’abord une borne fonctionnelle sur un parking public par exemple.
Le V2G: un concept encore flou côté français
On le sait, la transition vers une recharge dite «intelligente» (le smart charging) constitue l’un des leviers majeurs du développement de la mobilité électrique. La technologie V2G (Vehicle-to-grid) est d’ailleurs en cours de tests aux Pays-Bas et en Allemagne, et rencontre un réel succès. En France, si 63% des conducteurs se disent favorables à cette avancée, seuls 20 % s’y engagent réellement, et à peine 10% comprennent véritablement le fonctionnement du V2G. Du moins, selon le rapport Gridx 2025. Un frein avant tout pédagogique, donc. Pour Daniela Simoes, la fondatrice de miio, «l’été est une période charnière: de nombreux automobilistes découvrent la recharge en itinérance pour la première fois. C’est là que tout se joue: les points doivent être bien situés, fonctionnels, simples à utiliser. Et surtout, nous devons rendre la recharge intelligente et accessible, pour tous les profils d’usagers.»