Ce lundi 8 septembre, alors que tous les regards se portaient vers l’Assemblée nationale et la fin annoncée du gouvernement Bayrou, une mesure inédite a été annoncée qui a créé la surprise: à partir du 1er octobre, les acheteurs de voitures électriques équipées de batteries européennes pourront bénéficier d’un bonus supplémentaire de 1 000 €.
Bien entendu cette prime s’ajoutera au bonus écologique en vigueur, qui peut atteindre jusqu’à 4 200 € pour les ménages les plus modestes. L’objectif de l’Etat est double: d’une part, soutenir le pouvoir d’achat des Français tout en envoyant, d’autre part un signal aux constructeurs automobiles afin de les inciter à s’engager dans la relocalisation industrielle de la chaîne de valeur des véhicules électriques.
Un geste pour les ménages et pour le secteur automobile
Après plusieurs années de baisse progressive des aides à l’achat et la suppression de la prime à la casse, beaucoup d’acheteurs potentiels avaient reporté leur projet d’acquisition. En a alors résulté un ralentissement des ventes, quand bien même les véhicules dits propres ont plutôt bien maintenu leur cap. Il n’empêche… En juillet, la revalorisation du bonus écologique avait déjà marqué une inflexion avec une augmentation allant de 200 € à 1 200 € selon les revenus. Ce nouveau coup de pouce marque donc une nouvelle étape. Concrètement, un ménage modeste pourra bénéficier d’une aide cumulée pouvant dépasser les 5 000 € pour l’achat d’un V.E. produit en Europe avec une batterie elle aussi conçue sur le continent.
Relocaliser la chaîne de valeur
Au-delà du caractère incitatif de cette sur-prime, celle-ci vient s’inscrire dans une stratégie industrielle plus large. Pour le cabinet du Ministre de l’Industrie Marc Ferracci, «Il s’agit d’envoyer un signal clair aux constructeurs automobiles pour qu’ils se fournissent auprès d’usines européennes de batteries électriques». Rappelons que ces dernières années l’UE, et tout particulièrement la France, multiplie les projets de gigafactories avec l’objectif der rattraper son retard face à la Chine et à l’Amérique du Nord. D’autant que, comme chacun sait, les batteries représentent une part prépondérante du coût d’un véhicule électrique. Et qu’aujourd’hui encore, une large majorité proviennent d’Asie. En conditionnant une partie des aides à l’utilisation de batteries produites en Europe, le gouvernement entend donc sécuriser l’avenir de la filière et encourager la montée en puissance des usines européennes.
Quels véhicules seront concernés ?
La liste des véhicules éligibles reste encore à préciser. L’Ademe devrait la communiquer dans les prochains jours. À ce stade, on peut imaginer que des modèles comme la Renault Mégane E-Tech, la R5 électrique, l’Opel Astra Electric ou encore certaines Peugeot et Fiat seront concernées. À l’inverse, nombre de véhicules importés ou utilisant encore des batteries asiatiques pourraient être exclus du dispositif.
Un équilibre délicat à trouver
Reste à savoir si cette nouvelle aide sera suffisante pour inverser les tendances? Pas aux yeux de certains experts qui soulignent que, pour être efficaces, ces incitations doivent absolument s’accompagner d’un déploiement massif des infrastructures de recharge et d’une communication claire. Quant aux industriels, la majorité estime que la montée en puissance des usines de batteries européennes prendra encore du temps. Et dépendra, au final, de la compétitivité européenne. Quoiqu’il en soit, en liant directement le soutien aux ménages à la relocalisation industrielle, l’Etat français cherche à concilier justice sociale, transition écologique et souveraineté économique.