Les constructeurs automobile le réclamaient, l’Union Européenne vient de trancher: pas question d’annuler ou de reporter l’interdiction de la vente de voitures thermiques en 2035. Forcément les réactions ne se sont pas faites attendre, particulièrement partagées. On fait le point.
On en a parlé ici: en amont de la rencontre prévue le12 septembre dernier avec la Présidente de l’U E Ursula von der Leyen afin d’évoquer les difficultés du marché -notamment la montée en puissance des constructeurs chinois, les tensions commerciales avec les États-Unis et les coûts de production en Europe-, l’Association des constructeurs automobiles européens (ACEA) lui avait fait parvenir une lettre ouverte. Sa demande? En finir avec l’échéance 2035 qui doit voir la vente de véhicules thermiques interdite. Leurs arguments? Des infrastructures de recharge qu’ils estiment encore insuffisantes, une trop grande dépendance aux batteries asiatiques, et des coûts trop élevés pour les consommateurs. Sauf que…
Des réactions très partagées
Le 12 septembre et la rencontre au sommet passés, Bruxelles a tranché: c’est non! L’objectif de 2035 est bel et bien maintenu. Une décision évidemment hautement symbolique qui vient montrer combien l’Union européenne refuse de céder aux pressions économiques. A ses yeux, l’objectif en question reste aujourd’hui crucial pour respecter ses engagements climatiques et poursuivre la réduction des émissions de CO2. La réaction des constructeurs? Sans surprise, le mécontentement ne s’est pas fait attendre. L’association allemande VDA (Volkswagen, BMW et Mercedes) a exprimé ses inquiétudes, estimant que l’industrie n’a pas les moyens de basculer totalement en seulement dix ans. Quant aux syndicats, tous redoutent des pertes d’emplois massives si la transition n’est pas accompagnée par less pouvoirs publics.
Pour autant, d’autres voix ont pris une position inverse, soutenant haut et fort la position de l’UE. A commencer par Volvo et Polestar pour qui maintenir le cap est essentiel afin de rester compétitif face à la menace chinoise. Selon eux, un recul profiterait forcément à des rivaux asiatiques (comme BYD, notamment) qui investissent massivement et pourraient rafler des parts de marché en Europe.
Un ajustement dès la fin de 2025 si nécessaire
Inflexible, la position de Bruxelles? Pas tout à fait. Car, malgré sa fin de non recevoir, la Commission européenne a marqué sa bonne volonté en annonçant une révision anticipée de la réglementation à la fin de 2025. Soit un an plus tôt que l’échéance prévue. L’objectif : ajuster si nécessaire les modalités, notamment sur l’intégration possible de carburants neutres en carbone (e-fuels, bio-carburants) dans la liste des motorisations autorisées à compter de 2035. Des solutions qui pourraient de facto prolonger la vie des moteurs thermiques, du moins dans certains cas.
Un pari politique et industriel
Ce qu’il faut retenir de la décision de Bruxelles? Que son pari s’avère incontestablement aussi politique qu’industriel. En maintenant son calendrier, l’UE vise à forcer les acteurs du marché à investir et à innover plutôt qu’à temporiser afin de créer une filière automobile décarbonée qui puisse être compétitive face à la Chine et aux États-Unis. Un pari certes risqué, mais cohérent. Et nécessaire.