Aux Pays-Bas, la Ville d’Utrecht (en partenariat avec Renault Group) vient de déployer un système d’autopartage absolument révolutionnaire. Un tournant technologique majeur, tant en matière de mobilité durable que de gestion intelligente de l’énergie.
Les voitures électriques au cœur de l’éco-système urbain
Depuis plusieurs années, une nouvelle technologie est au cœur de tous les enjeux, le V2G (Vehicle-to-Grid). Vue comme une solution d’avenir, cette technologie permet à nos véhicules électriques de devenir de véritables unités de stockage d’énergie capables de la redistribuer au réseau électrique. Du moins, lorsque ces véhicules ne sont pas utilisés. Plus simplement: avec le V2G, la voiture électrique ne se limite pas à consommer de l’électricité; elle peut désormais en fournir et venir ainsi en soutien au réseau électrique.
Jusqu’ici testé à «petite échelle», le V2G vient donc de s’installer au sud des Pays Bas: Utrecht (300 000 habitants) est récemment devenue la première ville européenne à mettre en place, à grande échelle cette fois, un service d’autopartage fondé sur le V2G. En partenariat avec Renault Group et sa filiale Mobilize, et avec le gestionnaire de flottes MyWheels, la ville hollandaise entend bien transformer le rôle des véhicules électriques dans l’écosystème urbain.
500 véhicules connectés au réseau
Utrecht et Renault Group prévoient le déploiement (à moyen terme) de 500 voitures électriques, toutes équipées de la technologie V2G développée par Mobilize. 50 Renault 5 E-Tech sont d’ores et déjà disponibles. Elles seront bientôt rejointes par des R4 E-Tech, des Mégane E-Tech ou encore des Scénic E-Tech. Concrètement, ces voitures électriques circuleront comme dans n’importe quel autre service d’autopartage. Une fois stationnées, elles se connecteront à une borne bidirectionnelle pour se recharger. Là, en attendant d’être à nouveau utilisées par les clients, leurs batteries serviront à injecter de l’électricité dans le réseau urbain. Un soutien précieux, tout particulièrement lors des pics de consommation ou des baisses de production.
Bon à savoir: Selon les estimations, ce parc de voitures électriques partagées pourrait couvrir jusqu’à 10% de la flexibilité énergétique requise pour maintenir l’équilibre du réseau de la métropole d’Utrecht.
Utrecht, premier laboratoire européen du genre
Bref, si jusqu’ici les applications du V2G restaient marginales (réservées bien souvent à des particuliers équipés de bornes domestiques), l’initiative d’Utrecht marque un changement d’échelle majeur: pour la première fois en Europe, une collectivité intègre cette technologie dans son espace public. Pas de quoi vraiment s’étonner lorsqu’on sait que, depuis longtemps déjà, la ville s’est imposée comme un modèle de transition écologique. Ainsi, par exemple, pas moins de 35% des toitures sont déjà équipées de panneaux solaires de la ville. Et la métropole multiplie les projets pilotes particulièrement innovants.
Vers un cadre européen?
Pour Renault Group, ce nouveau dispositif constitue un jalon stratégique dans le développement du V2G en Europe. Et le constructeur de plaider pour l’instauration d’un cadre réglementaire harmonisé qui faciliterait l’adoption de cette technologie à l’échelle européenne. Avec, pourquoi pas, des incitations fiscales, la révision des tarifs de réseau ou un soutien au déploiement des compteurs intelligents. Autant de leviers qui permettraient de multiplier les projets similaires à celui d’Utrecht.