Directeur Marketing chez Volkswagen France, Antoine Gaston-Breton nous parle des bons résultats enregistrés par le constructeur ces dernières semaines, ainsi que de la stratégie électrique et les très nombreux projets de la marque allemande sur le marché français et européen.
En février, Volkswagen a dominé le marché électrique européen. Comment expliquez-vous ce succès après une année 2024 particulièrement difficile?
Antoine Gaston-Breton: « Nous nous félicitons de ces résultats qui sont le fruit d’une politique constante et résolue pour à la fois, continuer à améliorer nos véhicules électriques existants, et à lancer de nouveaux produits. Sur 2024 notamment, nous avons revu en profondeur l’ergonomie intérieure des ID.3, ID.4 et ID.5, et avons introduit une nouvelle motorisation pour progresser encore en autonomie et en performance.
Cette année a aussi été l’occasion de lancer plusieurs actualités liées à la gamme ID, telles que l’ID.3 GTX et ses 200 km/h et 600 km d’autonomie, ou encore l’ID.7 Tourer, fleuron de la gamme ID. proposant jusqu’à plus de 700 km d’autonomie. Ces évolutions se sont traduites par une augmentation significative de nos ventes en France avec une hausse en 16% en volume par rapport à l’année précédente. La marque dispose aujourd’hui de l’une des offres les plus complètes du marché en termes de modèles et de motorisations.
Ainsi, par exemple, nos motorisations hybrides rechargeables de deuxième génération disponibles sur Golf, Tiguan, Passat et Tayron offrant plus de 120 km en tout électrique, et même jusqu’à 143 km sur la Golf eHybrid, sont aujourd’hui une référence sur le marché. Ces modèles peuvent ainsi être utilisés au quotidien comme des véhicules 100% électriques tout en préservant la possibilité de rouler en mode hybride pour ceux qui hésitent encore à passer au 100% électrique. »
Quel est votre positionnement aujourd’hui?
Antoine Gaston-Breton: « D’ici 2030, Volkswagen a pour objectif de devenir le leader technologique des constructeurs à fort volume avec les voitures les plus sûres, les plus innovantes et les plus populaires. Pour atteindre cet objectif, nous poursuivons le développement de nos gammes afin de répondre au mieux aux attentes et aux besoins de nos clients. Le développement de notre gamme électrique afin de rendre la mobilité électrique accessible au plus grand nombre est un aspect essentiel de notre stratégie. »
Vous venez de présenter plusieurs modèles destinés à répondre au besoin de véhicules électriques abordables. Pouvez-vous nous en dire plus?
Antoine Gaston-Breton: « Depuis la Coccinelle, Volkswagen permet à des millions de personnes de bénéficier d’une mobilité abordable grâce à des voitures compactes et sympathiques. Développer une gamme de modèles électriques accessibles et attrayants, fabriqués en Europe pour l’Europe, est l’un des piliers au centre du plan d’avenir de la marque.
En 2023, Volkswagen dévoilait l’ID. 2all, le concept car d’un modèle électrique qui sera commercialisé dès 2026 sur le segment de la Polo avec un prix inférieur à 25 000 €. Nous avons aussi annoncé une version SUV dérivée du même concept. Et il y a quelques semaines, nous dévoilions également l’ID. EVERY1, le concept du futur modèle qui sera commercialisé en 2027 sur le segment de la up! aux alentours de 20 000 €. Ces modèles font partie de la nouvelle « Electric Urban Car Family » à traction avant. Ils sont au cœur de la stratégie d’accessibilité de l’électrification de Volkswagen dans les années à venir. »
Vous misez aussi sur une Golf GTI électrique. Après (notamment) la R5 et la R4 chez Renault, la nostalgie est-elle devenue la clé du succès?
Antoine Gaston-Breton: « Depuis des décennies, le sigle GTI est la marque des voitures sportives compactes de Volkswagen. La Golf GTI et la Polo GTI, par exemple, sont des icônes et des références sur leur segment. En 2025, nous dévoilons l’ID. GTI Concept, dérivé de l’ID.2all. L’objectif de ce futur modèle GTI n’est pas de jouer avec la nostalgie puisque la Polo et la Golf GTI sont des modèles que nous continuons à commercialiser de nos jours, en thermique. Mais il est important pour Volkswagen d’assurer la pérennité de ses modèles iconiques et de ce sigle ancré dans l’ADN de la marque. Ainsi, avec cette ID. GTI Concept, Volkswagen projette la philosophie de la GTI dans l’ère de l’électromobilité.»
Volkswagen n’a pas changé d’avis: Toujours pas de Coccinelle électrique en vue?
Antoine Gaston-Breton: « À date, il n’est pas question pour la marque de développer un tel modèle. »
Outre ces modèles abordables, avez-vous d’autres projets?
Antoine Gaston-Breton: « Nous venons de lancer le Tayron, un nouveau SUV familial 7 places disponibles en différentes motorisations. Il se positionne au sein de nos gammes entre le Tiguan et le Touareg. D’ici la fin de l’année, nous allons également commercialiser la nouvelle génération de notre best-seller T-Roc. D’ici 2027, neuf nouveaux modèles seront lancés sur le marché, dont le modèle de série de l’ID. 2all et de l’ID. EVERY1. »
Vous avez décidé de lâcher du lest sur le tactile. Pour quelles raisons?
Antoine Gaston-Breton: « Plutôt qu’une simple approche de « Data Driven Vehicle », Volkswagen adopte une approche appelée « Customer Defined Vehicles ». Plus que jamais nos clients, leurs souhaits, leurs intérêts et leurs préférences sont au cœur du développement de nos véhicules. Nous écoutons leurs remarques et les prenons en compte pour améliorer nos véhicules. Le volant avec boutons physiques, par exemple, a fait partie de leurs remontées, et nous avons corrigé cela dès le lancement des nouvelles générations de Passat, Tiguan et Golf. Et nous démontrons cette approche jusque dans nos concepts cars tels que l’ID. EVERY1 et l’ID. 2all.»
Sur quelles innovations travaillez-vous?
Antoine Gaston-Breton: « Volkswagen et le Groupe Volkswagen travaillent sur de nombreux projets en interne, mais également grâce à diverses joint-ventures. À titre d’exemple, avec notre partenaire en co-entreprise Rivian, nous concevons une architecture logicielle avancée et performante que nous intégrerons au sein de nos gammes dès 2027 à travers la version de série de l’ID. EVERY1.
En parallèle, le développement des batteries (avec notre filiale PowerCo) est un élément clé de notre stratégie technologique. La première génération de notre cellule unifiée représente une avancée majeure en termes de performance, de flexibilité et d’efficacité des coûts. Et nous travaillons déjà sur la prochaine génération de batteries solides. Ces cellules n’ont besoin d’aucun matériau liquide et offrent une autonomie accrue ainsi qu’une vitesse de recharge plus élevée. Les batteries sont un facteur de succès, et nous adoptons une approche globale dans ce domaine: développement, sécurisation des matières premières et production en interne.
Un dernier exemple pourrait être l’Automated Driving Alliance entre CARIAD et Bosch: nous considérons la conduite automatisée comme un élément essentiel de notre offre, adapté à toutes les catégories de véhicules. »
Parlons flottes. 6 de vos modèles et 14 versions viennent d’être labellisés Eco-score. Quelles sont les perspectives?
Antoine Gaston-Breton: « Cet éco-score démontre l’engagement de Volkswagen sur la production de ses modèles électriques en Europe. L’ensemble de notre gamme électrique ID.3, ID.4, ID.5 et ID.7 sont éligibles à l’éco-score dans la quasi intégralité des versions. Cet éco-score est essentiel dans le cadre de la fiscalité récemment confirmée, non seulement pour pouvoir bénéficier des bonus à l’achat pour les clients particuliers allant jusqu’à 4 000 €, mais aussi pour bénéficier des abattement de 70% des avantages en nature pour les véhicules 100% électriques labellisés. Dans le cadre de la loi de verdissement des flottes, notre offre de véhicules électriques, large et associée à des véhicules hybrides rechargeable eHybrid sous les 20 g de CO2, est un atout pour répondre aux besoins de renouvellement des flottes des entreprises en 2025.»
Enfin, Donald Trump vient d’annoncer 25% de droits de douane pour les voitures qui ne sont pas fabriquées aux Etats-Unis. Même si vous ne serez pas parmi les plus impactés, avez-vous une réaction sur le sujet?
Antoine Gaston-Breton: « Nous suivons de près l’évolution de la situation et évaluerons de manière approfondie en interne l’impact potentiel sur les chaînes d’approvisionnement et notre réseau de production. Nous continuons à promouvoir un échange de biens fondé sur des règles, des marchés ouverts et des relations commerciales stables. Ces éléments sont essentiels pour une économie compétitive et, en particulier, pour l’industrie automobile.»