Même si la loi de finances 2025 n’est pas encore votée, le déficit public pourrait bien provoquer une baisse significative du bonus écologique. Explications.
Cet été, dans les «lettres plafonds» fixant les orientations budgétaires à venir, l’ancien Premier Ministre alors démissionnaire Gabriel Attal avait donné les tendances de ce à quoi pourrait ressembler la future loi de finances 2025: un profond resserrage de vis, et au moins dix milliards d’euros d’économies. Parmi les ministères les plus impactés figurait alors celui de la Transition écologique. Malgré un budget en légère hausse (environ 5%, d’après certaines sources bien informées), celui-ci avait alors pour mission de tailler dans les dépenses publiques. Et notamment dans celles liées aux aides à la transition électrique du parc automobile, concernant le bonus écologique, dont l’enveloppe passait d’1,5 milliard à 1 milliard d’euros. Pas besoin d’annonce officielle donc: déjà rétréci en 2024, le bonus écologique risquait fort subir un nouveau coup de rabot!
Le bonus écologique ramené à 3 000 €
Bien entendu, dans l’attente de la nomination d’un nouveau gouvernement, ces «lettres plafonds» n’avaient officiellement qu’une valeur consultative. Il revenait au futur Premier ministre de faire ses choix en fonction de la politique qu’il entendait mener. Sauf que, depuis, au terme d’une (très) longue attente, on assiste à la nomination de Michel Barnier au poste, et qu’il a immédiatement annoncé la couleur: face au déficit record du pays (6%), l’heure est à la rigueur, pour ne pas dire à l’austérité. Ainsi, le cap annoncé par Attal cet été pourrait bien se voir confirmer par Barnier, et le bonus écologique passer probablement de 4 000 € à 3 000 € au 1er janvier 2025.
Temporaire… depuis seize ans!
Rappelons que cette aide à l’acquisition d’un véhicule électrique est en place depuis 2008 à la suite du Grenelle de l’environnement, et qu’elle ne devait être alors que temporaire. Instaurée ensuite par de nombreux Etats européens (dont beaucoup l’ont abandonnée depuis), cette incitation financière demeure aujourd’hui la plus généreuse de l’U.E. Rien qu’en 2023 elle aurait coûté plus d’1,7 milliard d’euros à l’Etat français.
Pour autant, impossible d’affirmer à ce jour ce que seront vraiment les sommes retenues par le futur projet de loi de finances 2025. Ni même ce que seront les futures modalités du bonus 2025. Une chose est sûre: après être passé de 5 000 € à 4 000 € en janvier 2024 (avec des critères d’éligibilité devenues plus exigentes), il est plus que probable que le bonus écologique soit une nouvelle fois revue à la baisse et se situe cette fois (comme on vient de le dire) autour des 3 000 €.
Les véhicules chinois grands gagnants de la future baisse du bonus écologique?
Pour le secteur automobile comme pour les usagers, la mauvaise nouvelle est évidente. En effet, outre la question du pouvoir d’achat au centre de tous les sujets, le marché automobile accuse depuis le début de l’année une sérieuse récession. Et même si dans cet effondrement des ventes les voitures électriques tirent leur épingle du jeu et limitent «la casse», les constructeurs européens n’en sont pas moins inquiets. Face à des tarifs qui risquent fort d’augmenter en conséquence, les modèles asiatiques pourraient bien profiter de l’aubaine. Même privés de bonus et pénalisés par de nouveaux droits de douane à hauteur de 20% à 38%, leur compétitivité n’en connaîtrait pas un net renforcement? De là à dire que la réduction du bonus écologique en 2025 pourrait être contre-productive, il n’y a qu’un pas… Le débat mérite ouverture, en tout cas!
